Avec sa notoire gouaille toute ibérique, sa subtile pointe d’accent charmant, la sublime Victoria Abril nous dévoile son parcours d’existence exceptionnelle…

Quinquagénaire mâture, nature, libre et énergique, Victoria balade un regard d’enfant émerveillé sur son extraordinaire existence. Clin d’œil du destin ? Fruit du hasard ? Ne porte-t-elle pas un prénom prédestiné… Victoria !
Issue d’un milieu très modeste, enfant naturelle, Merida Rojas alias Victoria Abril est née le 4 Juillet 1959 à Madrid. la petite Victoria Mérida Rojas est élevée avec frère et sœur, par sa maman infirmière. « Une mère célibataire dans la période moustache (Franco) tu étais montrée du doigt. Nous avons dû quitter Malaga pour Madrid.» Souligne l’artiste d’un ton ironique puis elle poursuit : «Je voulais être gymnaste mais pour ce faire il fallait apprendre l’harmonie. Ma mère m’a donc inscrite dans une école de danse classique à Madrid. Là, je me découvre une passion folle ! » Se remémore Victoria.
Par la suite, elle se présente au conservatoire en candidate libre. Elle est retenue ! Elle a trouvé dans la danse sa vocation qu’elle pratique avec ardeur jusqu’à l’adolescence à raison de quatre heures par jour. « Soudain, alors que je me préparai à une carrière de danseuse étoile, le cinéma est apparu comme un train. Ça c’est le destin ! Le destin a rendez-vous avec toi ! » S’exclame-t-elle. En 1975, Francisco Lara Polop ; le mari de son professeur de danse recherche une fille pour le rôle principal du film Obsession «Je me présente à l’audition et j’obtiens le rôle ! Cette année-là je tournerai quatre autres films.» A cette période Victoria peut de moins en moins concilier la danse et le cinéma. «Je n’avais aucune idée d’être actrice. J’étais la moche de la famille…» Elle doit quitter l’école à 14 ans pour devenir dactylo… «Jordi, tu me vois assise toute la journée dans un bureau ? Actrice en Avril ou secrétaire en Septembre ? Je n’ai pas hésité une seconde.» S’exclame-t-elle hilare.

C’est à cette époque qu’elle prend pour nom d’actrice Abril (Avril) le mois qui correspond à ses débuts au cinéma. Sa rencontre avec le célèbre réalisateur Vicente Aranda Ezquerra sera déterminante quant à son choix de vie. Victoria tournera avec lui en 1977 Cambio de sexo, ils enchaîneront ensemble plusieurs dizaines de films et bien d’autres avec les plus grands réalisateurs français et espagnols comme Pedro Almodovar. Un temps, elle anime aussi une émission musicale à la TV espagnole. En 1982, c’est la rencontre de l’Amour. Elle s’installe à Paris pour réaliser la carrière que chacun connaît. Elle découvre les chansons des grands de la chanson française avec lesquelles elle apprend le français. Victoria est une autodidacte touche à tout qui croque la vie comme elle passe. «Les autodidactes sont comme les éponges ils retiennent par les yeux, les oreilles par les mains…» Rappelle-t-elle. Là, elle évoque ses nouvelles passions. La chanson, la musique, la scène…«Je sais maintenant de quoi je vais crever je vais mourir en chantant. Je suis une vieille comédienne mais une jeune chanteuse » »Putcheros Do Brasil » sorti en 2005, tiré à 170 000 exemplaires lui a valu un disque de diamant et la rencontre triomphale d’un public sur les scènes françaises et internationales. Succède fin 2007 le second «O Lala». C’est un florilège des plus belles chansons françaises d’amour patinées façon flamenca, mâtinées de bossa nova.

Nous avons rencontré Victoria dans l’intimité d’un tête à tête dans un salon d’hôtel perpignanais. Durant prés de deux heures l’artiste s’est dévoilée… Telle qu’en elle-même, sensible, humaine jusqu’aux bouts de ses yeux, quelque peu meurtrie par la vie…