Qui êtes-vous Môôônsieur Emile Mustacchi ?

Jean-Luc MODAT Auteur, créateur

Voilà des années, à la faveur d’un reportage TV, l’artiste peintre catalan au look déjanté est devenu la coqueluche de l’émission d’Ali Baddiou émission diffusée sur Canal+…. Emile retombera vite dans l’oubli et retournera presto dans l’anonymat. Mais qui est donc vraiment Emile Mustacchi ? Rencontre.

Veste à carreaux, coiffé d’un bonnet «mustacchien» chevelure et barbe hirsutes, fagoté de fringues improbables, breloques de pacotilles aux doigts, chaussettes bigarrées dépareillées, Emile Mustacchi est une figure éminente de Perpignan, du Pays Catalan. Il intrigue, interpelle, dérange parfois, sans jamais laisser indifférent. Nombreux sont ceux qui s’obstinent à lisser leurs apparences pour coller aux codes de conformité, aux normalités, à l’uniformité… inclassable, Emile les fuit pour cultiver son look déjanté, décalé, farfelu voire atypique. N’est-ce pas le propre des génies d’être à concourant de leur époque ? Ce poète loufoque éclaire de son falot les absurdités de la nature humaine, Emile invite aux utopies de demain !

Quelle personne se cache derrière ce look farfelu ?

Emile Mustacchi (Photo La Gazette Catalane)

Emile-MUSTACCHI Photo Jean-Luc MODAT

Émile n’est pas seulement une apparence. Sous ses traits se cache un immense artiste au talent peu reconnu. «Je suis un épicurien carpe Diem, c’est ma religion ! J’en suis le seul prêtre.» Déclare solennel Emile, Mimile pour les intimes. Grand admirateur de Dali, Rembrandt et Rubens, il s’est spécialisé dans l’art du portrait et de la caricature. «Vivre de mes dessins est difficile. Je ne sais pas faire autre chose. Je ne suis pas argenté, suis souvent dans la panade donc privé de toutes les bonnes choses de la vie. Quand on n’a pas d’argent, on est marginalisé, condamné à la solitude.» Déplore-t-il. Qui soupçonnerait derrière ses apparences fantasques, une telle sensibilité ? Emile Mustacchi est un délicieux personnage attachant, son regard clair révèle l’extrême gentillesse. Pourtant, pour nombre de braves gens, il inspire crainte, méfiance voire mépris ! D’ailleurs sur le ton de la confidence, ne regrette-t-il pas : «La Ville de Perpignan se fiche éperdument de moi, comme si je n’existais pas !» Nombreux sont ceux qui ont profité de sa bonté de sa naturelle candeur : «Je me suis fait plusieurs fois arnaqué par des personnes d’ici qui ont pignon sur rue. Grâce à elles (Elles se reconnaîtront) je me suis retrouvé sans le sou.» Emile Mustacchi continue donc son art, touchant une toute petite pension d’invalidité. Ses revenus ne lui permettent plus d’acheter de la peinture alors il se contente de dessiner à la sanguine. Quel gâchis !

Emile portraitiste officiel de la famille royale de Belgique

Emile Mustacchi (Photo La Gazette Catalane
Emile MUSTACCHI Photo Jean-Luc MODAT

« Je suis né sur la Planète Mars ! « Se plait-il à plaisanter un xic (1) provocateur. Fils d’une famille modeste, son père était maçon, rien ne le prédestinait à la peinture. «Je suis né le 3 Septembre 1944 à Palerme en Sicile, fief de la mafia ! » Insiste-t-il. «J’ai quitté l’Italie avec ma famille je n’avais que 3 ans pour gagner la Belgique où mon père travailla à la mine. Quelques années plus tard, je suivais ma famille au Maroc où nous avons vécu de nombreuses années.»

Gamin, Emile dessine des heures durant. Puis, à l’âge de 14 ans, une dame lui offre un coffret de peinture, ce détail produit son destin. Dès lors il s’initie seul à la peinture, copie les grands maîtres de la peinture. Cet artiste autodidacte n’a jamais fréquenté les Beaux-Arts ni la moindre école de peinture. Son talent inné est un don qu’il cultivera. Les années passent, il regagne Bruxelles. Bientôt, son immense talent artistique lui vaut d’être présenté à la famille royale. La princesse Paola lui commande les portraits de ses enfants. Sa réputation est faite ! Il est devenu célèbre. L’aristocratie belge se l’arrache. Son destin semblait alors tout tracé, une déconvenue plus tard, il est forcé de rejoindre ses parents installés à Aubagne. Puis la famille s’installe il y a une trentaine d’années à Perpignan au Haut Vernet. Emile semble marqué par son enfance, par cette mère, pas démonstrative pour un sou, peu aimante à son égard qui ne lui démontrait aucuns signes de tendresse. S’il affectionne dessiner les rondeurs voluptueuses féminines n’est-ce pas là en écho à cette frustration d’amour maternel ?

(1) un peu

Cavaliers du froid et saints de glace

Cavallers del fred i sants de glaç

Jean-Luc Modat

Méfions-nous d’Avril avec ses extravagances nous réserve bien des surprises ! Une petite piqûre de rappel ou un vaccin s’imposent à tous car la confusion règne entre Cavaliers du froid et Saints de glace. Les cavaliers surgissent dés le 23 avril jusqu’au 6 mai ; les Saints s’illustrent à partir du 11 mai puis les 12, 13, 14 Mai…. Et un petit dernier pour la gourmandise ? Le 25 Mai ! Même si certains de ces Saints ont été priés de disparaître du calendrier actuel, la tradition populaire les conserve toujours en mémoire.

Ainsi dés le 23 Avril pour la Sant Jordi (Saint Georges) débutent deux périodes perturbées par les caprices du temps des plus redoutables. Selon de très anciennes mémoires populaires ces épisodes climatiques seraient associés aux Cavaliers du froid suivis des non moins célébrissimes Saints de glace ! Si aujourd’hui certains Saints ont été éclipsés en douce de nos calendriers policés, les dates demeurent le tout sur fonds de Lune rousse…

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est catalan-11.png

Cavaliers du froid

Saint Georges, patron de la Catalogne -

Le 23 Avril, Sant Jordi (Saint Georges) est le premier des cavaliers du froid, celui qui ouvre le bal d’un temps calamiteux, très instable, frileux, venteux, pluvieux ; puis se présente Saint Marc le 25 lui succède Saint Robert le 30 pour finir par le 3 Mai, Saint Philippe ( Allez donc glaner ce jour-là le thym fleuri et odorant )

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est catalan-11.png

Les Saints de glace…

Il y a de quoi en perdre son latin ou son Catalan ! Ce sont eux les Saints de glace ! Si les noms de ces saints ont changé, les dates restent de glace… A eux trois ils évoquent un petit hiver retardataire. On les accuse d’apporter du froid à la mi-mai.

  • Le 11 Mai Sainte Estelle a remplacé Saint Mamert
  • Le 12 Mai Saint Achille a remplacé Saint Pancrace
  • Le 13 Mai Sainte Rolande a remplacé Saint Servais
  • Le 14 Mai Saint-Boniface
  • 25 Mai Saint-Urbain

C’est alors que s’achève les saints de glace… Aïe ! Aïe ! Que nenni ! J’oubliais ! Il y a aussi ce petit dernier petit malin… Le 25 Mai et Saint Urbain qui tient tous ces quatre illustres prédécesseurs dans le creux de sa main. Apolit ! (Prudence!)

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est catalan-11.png

La lune rousse

Rien à voir avec une quelconque couleur particulière. Cette période de lunaison qui suit le dimanche de Pâques est appelée « lune rousse » Sa dénomination provient de la couleur prise par les jeunes pousses et bourgeons naissants détruits par le gel.

Pourquoi le Canigou s’appelle Canigou ?

Per què es diu Canigó, Canigó ?

Si comme moi, chaque matin, vous jetez un coup d’œil furtif mais toujours bienveillant sur le Canigó, comme pour bien vous assurer qu’il soit toujours là… Vous êtes-vous posé la question des origines de son curieux nom ? Je me suis résolu à effectuer des recherches et voilà ce que j’ai déniché ! Plus d’un sera surpris !

Altitude 2785 mètres. Montagne sacrée des Catalans.

Les origines les plus probables du nom Canigou

Peuples énigmatiques, installé sur les berges orientales de Méditerranée en Phénicie, région qui correspond à peu prés au Liban actuel, les Phéniciens appelés aussi ‘le peuple pourpre’ à cause de la teinture pourpre qu(ils produisaient à partir d’un coquillage Au VIème siècle av. Jésus Christ ils fondent Pyréné probablement dans l’anse de Collioure et installèrent un comptoir commercial pour fonder Port-Vendres dans la perspective de relier plus aisément l’Occidental à l’Orient… Probablement faut-il trouver à cette époque les origines du nom Canigou ! Car pour les phéniciens, kan, signifiait montagne. Pour exprimer la grandeur de cette montagne détachée du massif environnant, ils ont ajouté un superlatif (Kan) soit Kankan (prononcé Kanigan) le Mont des Monts. repérable de loin par ces intrépides marins. Les Grecs leur succédèrent ici. Le Kanigan des Phéniciens, se transforma en grec en Kanigon ( gon signifiant en forme de cône).

Vous aussi vous avez pu lire sur le Web de nombreuses fois cette définition puérile communément accordée (à tort) au nom : « Canigou signifie en catalan, dent de chien. Sa forme y fait bien penser ! » Serait-ce là une façon mièvre de déprécier la belle symbolique que représente ce massif dans l’identité catalane ?! Cela ne peut être voyons ! Déu vos guard ! Car, précisons : En Catalan un chien se dit « gos« 

 

Recette traditionnelle catalane du gâteau des Rois

Par Jean-Luc Modat

Recepta tradicional catalana de tortell de Reis

Ara fa molt de temps ! (Ça fait longtemps maintenant) ! J’ai conservé les souvenirs vivaces des 6 Janvier de l’Epiphanie… Ils étaient théâtre de chamailleries entre mon frère et moi. C’était à qui obtiendrait la fève, serait Roi (Mage) éphémère, surjouerait la fierté arborant la précieuse couronne en papier… Et le malchanceux alors ? Généreuse et avisée, ma grand-mère prévoyait toujours une seconde couronne pour éviter que nos joutes verbales ne dégénèrent royalement en pugilats… Autres temps; autres mœurs ! Ne serait- pas judicieux, ici, de rappeler que l’Épiphanie, célèbre la venue des Rois mages à Bethléem pour honorer la naissance de l’enfant Jésus ! La tradition du Tortell des Reis (ce gâteau des Rois) fet a casa (fait maison) est restée très vivace jusqu’à peu en Pays Catalan pour célébrer Els tres Reis de l’Orient… Ainsi, pour cultiver nos racines attachons-nous à perpétuer nos traditions et à transmettre leurs symboliques à nos descendances. Laissez-vous tenter par la réalisation de cet excellent Tortell des Reis dont voici ma recette : A qui la fève cette année ?

Préparation 30 min Cuisson 40 min Difficulté Facile

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est bouton-catalan.png

Ingrédients (Pour 4 personnes)

  • 5 cl de lait
  • 8 g de levure de boulanger
  • 125 à 165 g de farine fluide
  • 1 cuil. à café de sel
  • 15 g de sucre en poudre
  • 2 œufs
  • 75 g de beurre ramolli
  • 1 jaune d’œuf pour dorer la brioche
  • 50 g de fruits confits
  • Zestes (d’ 1 citron + d’1 orange) non traités
  • 3 cuillères à soupe ( 1 de fleur d’oranger) + (1 de rhum)+ (1 d’anis vert)
  • 10 g de sucre en grains
  • Ingrédients massepain 60 g de poudre d’amande · 50 g de sucre 1,5 cl d’eau

Mise en place

Préparer tous les ingrédients

Massepain

Ingrédients

60 g de poudre d’amande · 50 g de sucre 1,5 cl d’eau

Préparation

Préparer le massepain : Bien mélanger les 2 ingrédients ajouter petit à petit l’eau (pour qu’il ne soit pas si sec) jusqu’à obtenir une pâte homogène former un boudin – Découper les fruits confits en petits morceaux.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est bouton-catalan.png

Réalisation

Verser 125 g à 165 g de farine et levure dans 1 bol – Verser le lait tiède – Au dessus râper les zestes d’1 citron + d’1 orange – Ajouter sucre, sel, les cuillères à soupe : fleur d’oranger, rhum, anis vert – Pétrir environ 10 mn à la main (5 min au robot à crochets) afin d’obtenir une pâte homogène, élastique et pas trop ferme. Ajouter les œufs 1 à 1. incorporer le beurre en petits morceaux, poursuivre le pétrissage 2 min

Fleurer le plan de travail (Saupoudrer de farine) afin que la pâte n’adhère pas – Avant de repétrir la pâte, huiler les mains – Puis travailler la pâte avec vigueur (étirer, soulever, faire retomber) plusieurs fois (10). Quand elle est devenue lisse, homogène et n’adhère plus – Former une boule – La laisser gonfler dans 1 grand saladier 2 à 3 h à température ambiante recouverte d’1 torchon propre

Préparer le massepain

Déposer la pâte sur le plan de travail fleuré – Huiler et frotter les mains – Au rouleau à pâtisserie former un rectangle long – Façonner le massepain en 1 boudin de la longueur du rectangle – Intégrer les fruits confits, la fève ou le sujet – Puis rouler la pâte autour du massepain – Former un gros boudin – Puis Lier les deux extrémités pour donner forme d’une couronne – Déposer sur une plaque à pâtisserie couverte de papier sulfurisé – Installer un ramequin rempli d’eau au centre de la couronne – Laisser reposer 2 h à 3 h – Puis préchauffer le four à 180°C – Badigeonner la couronne avec 1 jaune d’œuf délayé avec de l’eau – Ajouter dessus les fruits confits et les grains de sucre. Enfournez pour 35 à  40 min. Servez tiède ou froid.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est bouton-catalan.png

Accords de vin

Issu du cépage Muscat d’Alexandrie, ce Muscat dévoile avec une robe limpide aux reflets de nacre, a fraîcheur, ses arômes délicats d’agrumes (en bouche), son équilibre permettront différents accords plaisirs de l’apéritif au dessert.

Fabienne et Pascal ROSSIGNOL Cultivent Leurs 14 hectares de vignes, la visite du domaine et du chai souterrain et l’Odyssée du vigneron vous feront découvrir leurs vins issus de l’agriculture biologique.

Domaine Rossignol Impasse, Las Clotes à Passa Tél 04 68 38 83 17

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est bouton-catalan.png

Accords musicaux

La (vraie) légende catalane des féroces Simiots

Un simiot ? Què és això ? Bon ! Ni vous, ni moi n’étions témoins quand ça s’est passé… Il faut remonter le temps, des siècles jusqu’au temps jadis. Fa temps ! Feuilletons le grand livre de la mythologie catalane…. « Voyons un peu ! Si… Si… Simoits… ça y est, trouvé ! » La page indique l’existence de créatures diaboliques, d’affreux petits monstres constitués d’un corps de félin, d’une tête et d’une queue de singe…. Ces bestioles sont appelées Simiots. Poursuivons…

La légende catalane

Els simiots de Basalú

La légende dit que « Les simiots vivaient terrés dans les montagnes du Vallespir i de l’altre costat dels Pirineus, dans le haut Ampurdan. La nuit venue, ces créatures diaboliques sortaient des forêts pour envahir les bourgs et les villages, sans crainte des hommes. Ces féroces simiots escaladaient les toits descendaient par les cheminées pour s’emparer des enfants qui n’étaient pas sages, les enlever et les dévorer. « Breuh! Ja tinc por ! »

Qu’en disent les chroniqueurs d’alors ?

Simiots1

L’approche de l’An Mille provoqua craintes et terreurs populaires… Aussi nombres de récits naïfs focalisèrent toutes ces peurs obsessionnelles en l’avenir. A cette époque, en comté du Roussillon, le Vallespir est frappé d’énormes inondations destructrices des récoltes, génératrices de terribles famines et de la peste. Ces cataclysmes poussent les bêtes sauvages (Ours, sangliers, lynx, loups, sangliers, chats sauvages ) à quitter leurs repaires, à errer nuit et jour prés des habitations à la recherche de nourriture jusqu’à s’attaquer aux populations. Hallucinations liées à la famine ?

Simiots2

Si certains habitants croient deviner des monstres étranges et inconnus ; d’autres ragots évoquent les Yetis (Survivances sauvages imaginaires de l’Homme néandertalien.) Cependant, renommés troubadours de l’époque et éminents savants xipotaires s’accordent pour les baptiser simiots pour leurs ressemblances aux singes. En Arles sur Tech, il y a en ce temps là, au monastère de moines noirs bénédictins de l’ordre de Cluny, un certain abbé Arnulfe, un saint homme vertueux…

Simiot al Calendari 2016 de mitologia catalana. Il·lustració d’Anna Ribot Urbita

Les ragots colportés médisent que tout cela est arrivé à cause de ses propres péchés et de ceux des habitants de la région, le fléau ne peut être conjuré que par l’arrivée en ce lieu d’Arles des reliques de quelques saints. C’est ainsi qu’Arnulfe part en 960 pour Rome. Là-bas, il est reçu par le pape Jean XIII pour obtenir les précieuses reliques de St Abdon et Sennen à ramener à Arles/Tech.

Pour les préserver durant le voyage, l’abbé Arnulfe cache ces reliques dans des barriques aménagées en compartiments remplis d’eau. C’est grâce à cela qu’elles sont acheminées par bateau jusqu’à Cadaques. Chargées à dos de mule, l’abbé Arnulfe escorté d’un muletier partent pour le Vallespir. Chemin faisant, engagés sur un sentier en surplomb d’un vertigineux ravin, le muletier lâche un beau et gros bon juron pour encourager son animal hésitant. Sitôt dit, la bête dégringole et disparaît dans l’abîme. Adieu le précieux tonneau ! Dépité, Arnulfe poursuit sa route. Aussi quelle n’est pas sa surprise à l’approche d’Arles d’entendre sonner les cloches à la volée puis de découvrir sur la place de l’église la populace pieuse, agenouillée autour du mulet et DU tonneau intacts qui a déjà opéré la guérison de plusieurs pestiférés. La légende raconte qu’à son arrivée, les Simiots auraient déguerpi à jamais… Ainsi la légende était née ! Survivance de cette ténébreuse époque ? Lors de la fête de l’ours en Vallespir, l’homme déguisé en ours est appelé Simiot. En clôture de cette fête, « l’ours » est rasé pour lui rendre son aspect humain.

Simionts Eglise Saint André sorède

Simionts Eglise Saint André sorède

L’ollada, ma recette familiale des Aspres

Par Jean-Luc Modat

L’ollada, la meva recepta familiar

Bon dia Amics ! (Bonjour les amis!) ravi de vous retrouver ! Vous êtes de plus en plus nombreux à partager mes recettes catalanes ! Aixo me fa plaer! Moltes gràcies! (ça me fait plaisir merci beaucoup) Aujourd’hui, je vous réserve ma recette de l’Ollada ben porcajada (bien garnie de viandes de porc) ! Jadis, aux premiers frimas, dans nos campagnes, c’était le plat rustique quotidien… Aujourd’hui, enrichie, l’ollada est devenue LE plat emblématique de la gastronomie catalane. Huummmm ! Ce plat mijoté exhale des fumets extraordinaires, un véritable opéra de senteurs sublimées par une symphonie de saveurs en bouche ! Bien sûr, cuisiner l’ollada, nécessite temps, patience et générosité… En revanche, elle prépare à des moments partagés de bonheur ! Ainsi, sa seule évocation ouvre les promesses de belles assurances de toujours régaler vos convives, de rassembler de joyeuses tablées ou d’inviter à la complicité un tête à tête intime et gourmand…

Pour (r)éveiller nos racines catalanes

 Jadis… La Matança

Autrefois en Pays Catalan, dans les mas, chaque famille de pagesos (de paysans) possédait son cochon destiné aux salaisons  boudins (botifarres), pâtés, saucissons, jambons. Ainsi, aux premiers frimas de l’Hiver, en lune vieille, (pour écarter tout risque de pourriture ou d’altération des viandes) A entendre leurs grouinements inquiets, ces cochons pressentaient-ils la cérémonie de la Matança, où ils devaient être sacrifiés ? C’était l’occasion d’une belle fête où famille et voisins participaient…

4 Personnes Préparation : 45 min Cuisson : 5h30 

Ingrédients pour 4 personnes qui se tiennent bien à taple

2 petites palettes de porc
1 petit jarret de porc 400 g ventrèche de porc 3 boudins noirs catalans
2 joues de porc 200 g garró de jambon de montagne à l’os bien rance
1 morceau de carn de perol (pas de fromage de tête !) 1 morceau de sagi (saindoux rance)
6 carottes
3 poireaux
1 petit chou vert bien pommé
8 petits navets ronds
1 oignon piquet de 5 clous de girofle
1 branche de céleri
1 bte 250 g conserve haricots blancs au naturel
6 pommes de terre moyennes
5 gousses d’ail
1 bouquet garni (thym+ laurier)
Poivre

Préparation

La veille

Si les morceaux de viande sont demi-sel, les faire tremper la veille toute la nuit dans l’eau froide.

Le lendemain

  • Remplir un faitout déposer palette jarret ventrêche Couvrir d’eau froide
  • Porter à ébullition pendant 15 min puis jeter l’eau de cuisson
  • Dans 1 autocuiseur verser palette jarret garró ventrêche
  • Couvrir d’eau froide
  • Ajouter bouquet garni + oignon piqué de 5 clous de girofle.
  • Dés l’ébullition, fermer
  • A la mise en pression de la soupape baisser le feu compter 60 min

A défaut d’autocuiseur Déposer les viandes dans une marmite. Ajouter bouquet garni + oignon piqué de 5 clous de girofle. Couvrir d’eau. Porter à ébullition et poursuivre 20 min. Puis cuire à feu modéré 40 min environ selon la grosseur du jarret.

Pendant ce temps

  • Eplucher laver les légumes les couper en morceaux de 2 cm environ
  • Emincer le choux en lanières grossières
  • En fin de cuisson des viandes (60 min) les sortir et réserver.
  • Frotter graisser tout l’intérieur du faitout au sagi rance
  • Y verser l’eau de cuisson de l’autocuiseur (sans l’oignon piqué de girofle)
  • Ajouter les légumes (sauf pommes de terre et haricots) ail, bouquet garni
  • Escorter d’1 boudin noir et de la carn de perol (les 2 émiettés)
  • Pour terminer compléter par le garró (déjà cuit précédemment)
  • Porter à ébullition l’ensemble puis poursuivre à petits feux tout doux 1 h
  • Ajouter les pommes de terre et boudins noirs
  • Poursuivre la cuisson à petit feu 1 h à couvert
  • Puis compléter par les haricots égouttés,
  • Poursuivre cette douce cuisson 15 min à découvert

Réchauffée l’ollada est bien meilleure préparez la la veille.

i Bon profit ! 

Des panellets aux Pignons

A quelques heures de la Toussaint, avui (Aujourd’hui), je vous offre, aqui mateix ! (ici même) ma délicieuse recette de panellets (petit pain en catalan). En Roussillon la Tradition est récente (plusieurs décennies). Elle invite ces véritables spécialités catalanes sur toutes les bonnes tables pour la Toussaint et/ou pour Noël. ça ne vous a pas échappé que les gourmandises en pâte d’amande étaient devenues excessivement onéreuses… Pour parvenir à réaliser des panellets sans vous ruiner, Je vous suggère de découvrir ma recette et surtout de la réaliser vous-même, vous allez voir, c’est un régal, c’est très facile ! Le fait maison c’est bien meilleur pour le goût et votre santé !

Par Jean-Luc Modat

Ma recette de panellets catalans

Loin de moi la prétention de proclamer ma recette comme la « véritable » tant il en existe un nombre infini et de déclinaisons… Cependant elle n’en demeure pas moins traditionnelle et familiale.

Facile-Préparation 1 h-Repos 1 nuit-Cuisson 10 min

  • USTENSILES :
  • 1 autocuiseur
  • 3 assiettes 1 saladier + 1 Bol
  • 1 fourchette +1 couteau +1 cuillère bois + 1 pinceau de cuisine
  • 1 balance + 1 zesteur
  • Film alimentaire + papier sulfurisé
  • 1 four + 1 sole

Pour environ 30 panellets

  • Patate douce (poids cuit 300 g)
  • 200 g de sucre de canne
  • 3 œufs
  • un peu de farine
  • 400 G d’amandes en poudre
  • Le zeste d’un citron vert non traité et lavé
  • – 300 g de pignons de pin

Comment procéder pas à pas ?

Etape 1 : Préparation de la pâte

  1. Peler la patate douce, la tronçonner en plusieurs morceaux La cuire à la vapeur (10 min au chuchotement de la soupape)
  2. Dans un saladier écraser la patate cuite en purée encore chaude puis laisser refroidir
  3. Ajouter zestes de citron, sucre, poudre d’amande
  4. Séparer le jaune et le blanc d’un œuf.
  5. Incorporer ce jaune dans la pâte
  6. Mélanger le tout et pétrir pour obtenir une pâte homogène
  7. Filmer cette pâte – Laisser reposer au frigo 1 nuit

Etape 2 : Confection des panellets

  • Verser les pignons dans une assiette
  • Séparer les jaunes et les blancs de 2 œufs.
  • Battre ces jaunes d’œuf dans un bol
  • Battre légèrement les blancs dans une assiette creuse
  • Préchauffer votre four à 240°C pendant 15 min
  • Enfariner vos mains ça évite à la pâte de coller aux doigts
  • Prendre un peu de pâte, faire des boules de la taille d’une noix.
  • Paner chaque boule dans le blanc d’œuf
  • Rouler dans l’assiette de pignons pour les enrober.
  • Bien modeler et appuyer chaque boulette
  • Déposer chacune sur le papier sulfurisé posé sur la sole du four
  • Badigeonner le dessus des panellets du jaune d’œuf.
  • Enfourner à 240 ° 8 à 10 min
  • Surveiller  les panellets doivent être dorés sans trop
  • Vous pouvez les conserver dans une boite hermétique. Servir à Noël vous serez surpris(e) par le succès

Les origines de la tradition des panellets se perdent dans des temps immémoriaux. Ces panellets pourraient être liés à des rituels funéraires, héritages de cultes païens anciens. Ces offrandes aux défunts pourraient évoquer l’idée d’éternité (Les panellets se conservent longtemps)

Pensez à offrir en cadeau pour Noël !

Vous désirez offrir un cadeau original ?

Vous avez envie de vous faire plaisir ? 

Retirez votre mon livre dédicacé dans un Point Mondial Relay proche de votre domicile !

Cliquez sur ce lien ci-dessous

https://py.pl/itBVb

LES GÉANTS CATALANS : ELS GEGANTS

Qu’est-ce qu’un Gegant ?

L’origine des géants se fond dans la nuit des temps du Moyen-Âge dont les premières apparitions remonteraient au XVème siècle. À l’origine, les géants représentaient des personnages et des créatures de la Bible. Petit à petit, de nouveaux géants ont apparu en rois, reines, nobles, saints locaux ou notables de la ville, du quartier, du village. Piliers des traditions chrétiennes séculaires catalanes un temps menacée, la Révolution Française élimina les géants en qui elle voyait en les représentations de personnages bibliques des signes ostentatoires et prosélytismes religieux, des symboles de l’Ancien Régime.

Depuis, ( je dois bien le confesser) la foi chrétienne a été supplantée par l’attrayant consumérisme païen. Les gegants catalans d’aujourd’hui ont été délestés pratiquement de leurs symboles et représentations religieuses. De de fait, valeurs et traditions ont été malicieusement et peu à peu dissoutes au profit d’autres figures moins clivantes liées à lhistoire des villages, à des personnages imaginaires ou des représentants des corporations. Dés lors, chaque corps de métier était représenté sous la forme d’un saint-patron d’une taille de plus en plus imposante, entraînant une théâtralisation et une concurrence enjouée entre les villages.

Comme ce dimanche à Rivesaltes, les géants se réunissent, dansent, se font la cour, se marient ! Loin d’être folklorique, c’est une tradition bien vivante, tout comme les castells fréquemment associés a la Festa gegantera !

Mario Chichorro, peindre de l’utopie…

Par Jean-Luc Modat

Il est parti avec l’élégance discrète et pudique sur la pointe des pieds, pour ne pas déranger. Pourtant, son œuvre de créations « Hors cadre » est immense. 3500 œuvres, plus d’une centaine d’expositions en France et dans le Monde, à son actif… Les plus grands collectionneurs et prestigieux musées mondiaux ont acquis ses tableaux. Exceptionnel Chichorro !

Mario Chichorro (Photo La Gazette Catalane)
Mario Chichorro (Photo Jean-Luc Modat)

Il était à la peinture contemporaine ce que le catalan Gaudi fut à l’architecture et au design. Ses facéties picturales, novatrices, déconstruites, fragmentées, pouvaient apparaître comme autant de pastiches des Arts : Brut, baroque, primaire, contemporain et Naïf…. Mario était assurément espiègle, un singulier personnage. Il ne se prenait vraiment pas au sérieux ! De son Portugal natal, il avait conservé son délicieux timbre chantant. Le regard tendre s’accommodait du petit sourire facétieux de celui qui avait su préserver l’émerveillement de l’enfance…

« Mon choix est sans réserve. Je suis pour l’irrévérence, l’insubordination, l’irréalisme, l’absurde, la rêverie, la folie, l’utopie, le désir. Je suis solidaire de ceux qui, par volonté ou par la « force des choses », s’installent dans le terroir sauvage et fertile de l’idéal et contribuent, selon leurs moyens, à la création nouvelle et tout autre. » M’a-t-il confiait.

« Le destin est imprévisible« 

Mario Chichorro(Photo 2 La Gazette Catalane )
Mario Chichorro (Photo Jean-Luc Modat)

Mario Chichorro était né en 1932 à Torrès Vedrasau Portugal. Il avait suivi des études à Coimbra et en architecture à l’Ecole Supérieure  des Beaux Arts de Porto pendant 2 ans. Mario avait rejoint la France en 1963 pour résider à Perpignan en Pays Catalan. Jusqu’en 1968 il avait été employé dans des cabinets d’architecture.« En 1968 dans les rues de Perpignan, je défilais et manifestais. Je travaillais alors dans un cabinet d’architecte. Mon patron l’ayant appris m’a illico licencié, me traitant de révolutionnaire, d’anarchiste. »Relatait-il, d’un sourire amusé le facétieux Mario. Le destin est imprévisible ! Ce fâcheux événement avait eu un effet bienheureux puisque Mario avait alors pu réaliser le rêve insensé de son enfance : peindre ! Est-ce bien raisonnable pour une grande personne ? Aujourd’hui encore, l’artiste se joue des interdits !  Il a osé partir, comme ça à l’improviste, rejoindre le Paradis de tous les peintres créateurs ! Chichorro laisse une œuvre considérable !

Artiste résolument baroque ?

« Mon choix est sans réserve. Je suis pour l’irrévérence, l’insubordination, l’irréalisme, l’absurde, la rêverie, la folie, l’utopie, le désir. Je suis solidaire de ceux qui, par volonté ou par la « force des choses », s’installent dans le terroir sauvage et fertile de l’idéal et contribuent, selon leurs moyens, à la création nouvelle et tout autre. » Ces propos qu’il tenait voilà plusieurs décennies résonnent encore aujourd’hui en pied de nez à toutes les convenances, la pensée unique, uniformisation humaine…

Mario Chichorro Elle est belle la partenaire de l'illusionniste

Hors normes, réfractaire à tout courant artistique, à toute mode, à toute académie, Mario Chichorro l’idéaliste, s’amusait à heurter, à provoquer, à renverser tabous et valeurs admises d’un Monde rationnel hyper formaté, normalisé, emprisonné dans la convenable pensée unique. Au bout du pinceau, il maniait avec talent, l’ironie, la provocation, la dérision. » Je casse de façon fantaisiste le sujet unique dans mes tableaux. J’opte pour la multiplicité des thèmes parce que j’ai choisi la liberté absolue de l’imaginaire irrationnel !» Évoquait le déroutant, Chichorro. Il usait de matériaux les plus inattendues : aggloméré de bois, polyuréthane extrudé, résine synthétique, aggloméré de liège…

L’intemporel

Ses œuvres subversives sont autant de passerelles relationnelles entre son fort intérieur et un extérieur idéal rêvé. Ses tableaux lumineux renvoient à l’intemporel. Sa puissante créativité intuitive, impulsive, jongle avec volumes et formes, couleurs et symboles. Là, rien n’est agressif. Ici, tout est équilibre. Ailleurs, la nudité corporelle semble célébrer la pureté morale sans artifices sans fioritures. Chichoro, lançait en boutade «Nul n’est là par hasard.» N’invitait-il pas à réfléchir sur le pourquoi de notre existence ?

Mario Chichorro La fleur de toutes les saisons.jpg

La fabuleuse légende de la barque enchantée

Auteur artiste créateur : Jean-Luc MODAT tous droits réservés 2024

En Zidro, un vieux pêcheur catalan d’anguilles conteur et poète à ses heures perdues, m’a conté hier matin une très ancienne histoire onirique. Elle m’a ému. Je vais tenter de vous la restituer, vous la livrer telle que je l’ai saisie.

L’extraordinaire histoire de la barque bleue L'anse de la Roquette étang de Salses photo © Jean-Luc Modat (lagazettecatalane.com)
L’anse de la Roquette étang de Salses photo © Jean-Luc Modat

Imaginez-vous, cher lecteur, assis peinard sur un tas de filets de pêche, prés de Zidro, ce vieux loup de mer au visage autant buriné par le soleil que par les stigmates du temps qui passe, vêtu d’une veste bleue usée et délavée, l’éternel béret vissé sur la tête… Plongé dans le silence des lieux, vous êtes à l’anse de la Roquette au lieu-dit « les barracas des pêcheurs » face à l’étang de Salses, à l’écart de tous sentiers battus… Un exquis moment complice, hors le temps…

« Approche-toi davantage, Nin, pour ne pas en perdre une miette! » M’invita-t-il de sa voix rocailleuse. Il planta son regard franc droit dans mes yeux pour s’assurer de mon écoute… Puis Zidro, débuta ainsi son histoire ainsi : « Depuis de longues semaines Désiré n’avait pêché le moindre petit fretin… Les filets de son trabaccou restaient désespérément vides ! Ce matin-là, debout sur son cassou (barque catalane à fond plat), le pêcheur plantait puis poussait sa fica (une longue perche de bois ) pour faire glisser sa barque jusqu’à son postre (son lieu de pêche) où il avait calé la veille. Désiré hala les cordes du filet… Il ressentit aussitôt une forte résistance. « Si enfin, la chance me souriait ? » Se dit-il.

L'anse de la Roquette étang de Salses photo  © Jean-Luc Modat (lagazettecatalane.com)
Barraca d’en Janot L’anse de la Roquette étang Salses photo © Jean-Luc Modat

C’est alors qu’apparut l’énorme tête d’un mérou. Quelle ne fut pas sa surprise d’entendre aussitôt ce poisson le supplier : »Relâche-moi et toute ta vie tu en seras récompensé. « A ces mots, le pêcheur paniqua. « Un poisson qui parle, c’est sorcellerie ! » Se dit-il. « Tu ne le regretteras pas » Insista le mérou. Est-ce par crainte du malin, sans même réfléchir, Désiré s’exécuta et rejeta le poisson à l’eau.  » C’est étrange ! Les mérous ne fréquentent pas les eaux peu profondes des étangs… » Cette évocation le fit tressaillir.

L'anse de la Roquette étang de Salses photo © Jean-Luc Modat (lagazettecatalane.com)
L’anse de la Roquette étang de Salses photo © Jean-Luc Modat

Depuis lors, Zidro n’est jamais rentré bredouille de la pêche ! Même par temps peu cléments, il revenait la barque bleue chargée à ras bords. C’était une chose bien étrange comme si cette barque bleue était douée de vie, d’intuition. Elle le dirigeait toujours jusqu’aux zones poissonneuses. Le pêcheur se doutait bien que ce n’était pas juste le fruit du hasard. Ce brave mérou avait tenu parole ! Toute son existence Zidro réalisa de belles pêches. Il conserva son secret jusqu’à son dernier souffle pour réserver ses ultimes instants de vie à me confier cette belle histoire, à moi, Jeannot, son fils. Zidro consacra toute sa vie, son énergie à convaincre ses amis Mariners i pescaires d’épargner les placides mérous des côtes catalanes.

Créations © Jean-Luc Modat Auteur – illustrations- photos 2024